• Le P-DG de Ferphos, M. Lakhdar Mebarki, au Jeune Indépendant

    «Nous sommes à la conquête du marché international»<o:p></o:p>



    Voir une entreprise publique opter pour l’émergence d’un management de performance, en période de crise multiforme, relève d’un véritable défi. Ferphos en est une. Elle possède les capacités requises pour le faire. Sa composante humaine, son aptitude à faire face aux contraintes qu’impose le marché international, et la capacité de ses dirigeants à se mettre en cause à chaque fois que cela est nécessaire, sont des atouts de taille.

    Son président-directeur général, M. Lakhdar Mebarki, est un manager optimiste. Il affirme que Ferphos dispose d’atouts stratégiques qui font d’elle une entreprise viable, capable de faire face aux conséquences de la mondialisation.

    Grâce à ses résultats de production, Ferphos a réussi à créer cinq filiales. Outre les accords d’exportation déjà conclus, l’entreprise ambitionne de conquérir le marché international et de créer d’autres sociétés en partenariat avec des étrangers.

    Le Jeune Indépendant : Avec l’exportation du phosphate qui n’a débuté que récemment, Ferphos est-elle en mesure de se placer sur le marché international ? M. Lakhdar Mebarki : Depuis mon installation à la tête de la direction générale en septembre 2001, et après diagnostic interne, Ferphos a décidé de lancer un plan de développement pour toutes ses activités.

    On a élaboré et affiné une stratégie basée sur un programme d’augmentation de la production, avec l’ouverture de plusieurs chantiers accompagnés d’actions de mise à niveau des installations. Pour l’amélioration des conditions de travail et de la qualité des produits, on a également décidé de lancer un système de management intégré de gestion.

    Pour améliorer la valeur ajoutée de l’entreprise, il a fallu axer notre effort, à la fin de 2003, sur la transformation de la matière première et la restructuration de l’entreprise pour faire face aux exigences du marché. Conformément à la démarche arrêtée par le gouvernement envers les entreprises publiques en matière d’ouverture de leur capital ou de leur privatisation, nous avons préparé un dossier qui a abouti, en décembre 2004, à la restructuration de Ferphos en groupe industriel.

    Ce groupe est composé de 5 filiales : Somiphos, SPMC, Ferbat, Somiger et SFO. Le siège de la direction générale a été transféré de Tébessa à Annaba pour des raisons de commodités, car Annaba dispose d’un port et d’un aéroport et de structures d’accueil pour nos clients.

    Ferphos emploie environ 1 800 travailleurs dont 214 cadres supérieurs. Quelles sont les perspectives de développement de Ferphos ? Notre stratégie est d’augmenter la production pour l’exportation. Nous voulons pénétrer le marché international avec des produits de meilleure qualité.

    Pour le phosphate, Ferphos produit un million de tonnes, dont 90 % sont exportées et 10 % pour l’unique client national Fertial du groupe Asmidal d’Annaba. Nous exportons donc 900 tonnes au Brésil, en Indonésie, aux pays européens et tout récemment en Inde et aux Philippines.

    Ferphos a mis, le mois dernier, un pied pour la première fois sur le marché indien, considéré comme extrêmement important. Elle y a expédié 20 000 tonnes de phosphate, dans le cadre d’un premier contrat qui porte sur 200 000 tonnes.

    Nous avons l’intention d’accroître la production pour arriver à 500 000 tonnes sur ce marché. Nous sommes cependant confrontés à plusieurs contraintes. Les problèmes internes se résument essentiellement à la chaîne de transport du produit du complexe vers le port d’Annaba.

    Nous avons également des difficultés avec ce port qui n’a pas les capacités requises pour accueillir des navires de gros tonnage. Ferphos est-elle prête pour faire face à la concurrence ? Nous avons fixé comme objectif d’atteindre la production de 2 millions de tonnes de phosphate à exporter sur le marché international, soit le double de notre production actuelle.

    La rénovation du complexe, la mise à niveau et l’extension réalisées nous permettront d’atteindre notre objectif. Nous avons également les capacités de chargement à partir du port d’Annaba. Concernant le marché, Ferphos a des possibilités extrêmement importantes pour répondre à son cahier des charges.

    On a finalisé les derniers contrats importants comme celui de l’Inde et des Philippines. Le portefeuille de Ferphos compte cette année des contrats d’exportation d’un volume dépassant 1,5 million de tonnes et nous nous préparons pour atteindre 2 millions entre 2005 et 2008.

    Vous avez évoqué des difficultés pour en exporter des quantités plus importantes. Avez-vous prévu des solutions pour pallier ces problèmes ? Je profite pour parler d’un projet que nous avons monté avec les responsables des chemins de fer pour créer une société ensemble, en partenariat avec Mital Steel pour le transport des minerais de fer et du phosphate directement des mines d’El-Ouenza vers le complexe sidérurgique d’El-Hadjar et le port.

    Un protocole d’accord est déjà signé entre les trois parties. Le projet est très en avance et nous recevons l’expertise de l’agence foncière de développement pour les infrastructures existantes en vue de la création de cette société, en gardant la même voie ferrée, que nous rénoverons.

    Nous étudions la possibilité d’extension sur les embranchements particuliers, afin de permettre une fluidité du mouvement ferroviaire et une augmentation des capacités d’acheminement. Ferphos n’envisage-t-elle pas de s’associer avec des partenaires étrangers ? Plusieurs projets sont en perspective dans le programme de Ferphos.

    Le premier, avec l’aide d’une banque, concernera la transformation du phosphate en Algérie. Il s’agit d’un grand projet du groupe, à long terme, pour cibler 4 millions de tonnes en Algérie et continuer à exporter une quantité de 2 millions de tonnes à l’état brut.

    A terme, il nous faudra réaliser 6 millions de tonnes de production annuelle au niveau du complexe de Bir El-Ater. Le projet du phosphate transformé a été initié depuis plus d’une année et l’on devrait le réaliser à Jijel. Malheureusement, on a trouvé des difficultés à s’installer dans cette région ; ce qui nous a poussés à décider alors de chercher ailleurs des terrains d’assiette pour l’implantation du projet.

    Aujourd’hui, on nous fait savoir qu’il y a des possibilités pour le faire dans la même wilaya. La transformation de 4 millions de tonnes de phosphate ne se fera pas par Ferphos seule. Nous sommes en discussion avec des partenaires étrangers.

    On aura probablement deux à trois sociétés mixtes avec des partenaires européens et asiatiques. Le projet va passer par un appel d’offres avec un cahier des charges et on choisira les meilleures offres. Avez-vous des projets en perspective pour l’augmentation de la production de minerai de fer comme le phosphate ? Le groupe produit plus de 300 000 tonnes de minerai de fer par an, qui sont destinées en priorité aux cimenteries algériennes et à la société mixte Mital Steel.

    Avec l’ouverture de nouvelles mines comme celle de Sidi Maârouf, à Jijel, la production atteindra 700 000 tonnes/an. Avec l’augmentation des capacités de production au niveau des mines de Sétif et de Souk Ahras, nous comptons réaliser 1 million de tonnes de minerai de fer par an, en plus de ce qu’on produit aujourd’hui.

    Le plus important est d’augmenter les niveaux d’exportation de nos mines et de transformation de la matière première. Pour le moment, notre objectif est de fabriquer des produits à haute valeur ajoutée à partir des minerais de fer.

    De même, nous comptons nous pencher sur cette question après l’avancement du projet de transformation du phosphate. On comprend de ce projet que vous allez réaliser la même activité que Mital Steel, qui est votre actionnaire... Ferphos, Mital Steel et Sider sont actionnaires dans le minerai de fer et ont des activités complémentaires.

    Il est possible de lancer en commun d’autres produits à base sidérurgique. Mais Ferphos veut se lancer dans d’autres produits à base de minerai de fer comme l’hématite qui est très utilisée par les pétroliers et qui n’est pas fabriquée en Algérie.

    Concernant l’exploitation de la pozzulane, on produit actuellement environ 500 000 tonnes par an et on satisfait entièrement la demande du marché local, c’est-à-dire les cimenteries algériennes. Nous comptons arriver à 700 000 tonnes au minimum, créer de nouveaux marchés et fabriquer des matériaux de construction légers à partir de la pouzzolane.

    Des études sont déjà entamées dans ce sens. Nous sommes convaincus de pouvoir placer 200 000 tonnes au minimum de pouzzolane sur le marché. Nous sommes en train d’étudier les possibilités d’exporter ce produit. Ferphos accorde également un intérêt à la fonte.

    Nous disposons d’une unité de fonderie à Ouenza. Cependant, cette activité est un peu négligée, voire délaissée par l’entreprise Sider. Ce qui est un tort. C’est un produit à grande valeur ajoutée et qui peut diminuer la facture d’importation de certaines pièces de rechange.

    C’est pour cela qu’on a décidé d’y investir un million d’euros. Pour le moment, il s’agira de réhabiliter la fonderie de l’Ouenza et de maintenir son activité pour le bien de la région, notamment par rapport à ses 40 travailleurs qui ont acquis une expérience extrêmement importante.

    La réhabilitation de cette usine pourra générer 50 nouveaux emplois. La promotion immobilière est l’un des nouveaux créneaux de Ferphos. Qu’en est-il ? Ferphos s’est effectivement lancée en 2002 dans la promotion immobilière, en partenariat avec l’entreprise Batigec.

    Nous avons des terrains dormants que nous avons exploités dans ce créneau. Le premier projet est en cours de réalisation à la cité Zaâfrania d’Annaba, et le deuxième projet sera lancé à Bir El-Ater, dans la wilaya de Tébessa, incessamment.

    Il portera sur 1 000 logements. Le troisième projet sera lancé à l’ouest du pays, à Béni Saf, pour la réalisation d’un complexe touristique. D’autres projets sont à l’étude avec l’acquisition de terrains pour la construction de logements dans le cadre de la promotion immobilière.

    L’objectif du groupe Ferphos est de construire et de vendre, surtout que le marché est vierge et la demande nombreuse. En conclusion, tous les projets de Ferphos sont générateurs d’emplois, comme c’est le cas pour le projet de transformation de 4 millions de tonnes de phosphate qui nécessitent environ 2 milliards d’euros.

    C’est un projet étalé sur six ans. La date de son achèvement est fixée à 2012, mais la complexité du projet et les difficultés de réalisation risquent de retarder son délai de réalisation jusqu’à 2016. Une fois opérationnel, ce projet emploiera, dans une première étape, quelque 500 personnes pour atteindre 3 000 emplois directs et 15 000 emplois indirects.

    Je n’oublierai pas de citer un autre projet de fabrication de fertilisants entamé en partenariat avec l’entreprise espagnole PBG, à l’ouest du pays, dans la région de Ghazaouet. Ce projet relève de la société mixte algéro-espagnole de fertilisants, SAE Fert, créée en partenariat entre Ferphos et la société espagnole.

    Il sera lancé dans les jours à venir. D’un coût de 25 millions d’euros, il permettra la création de 150 emplois et la production de 150 000 tonnes de super simple phosphate (SSP) et de 300 000 tonnes d’engrais composés. Nous sommes globalement satisfaits de l’évolution de la situation au sein de notre entreprise, en dépit des mutations profondes qu’a connues notre pays, notamment au niveau économique, avec l’application du plan d’ajustement structurel.

    Ferphos est prête à relever les défis et à s’imposer sur les marchés national et international, en comptant sur ses performances et sur l’expérience et le savoir-faire de ses employés.

    N. A.
    le jeune indépendant 2005


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